Lost Moderna

2023

Den Haag, Netherlands

Lost Moderna est une installation inspirée du livre Max et les Maximonstres de Maurice Sendak et réalisée autour d'une plante, mêlant tissage, lumière et mise en scène.

Le projet explore la frontière entre objet décoratif et espace construit, en contrôlant le parcours de la plante pour donner l'illusion d’un mouvement naturel.

Installation

Lost Moderna est une installation née d’un exercice autour de la mise en scène d’une plante, mais qui s’est très vite transformée en une réflexion plus profonde sur l’ambiguïté entre le réel et l’imaginaire, l’organique et l’artificiel, la douceur et la rudesse. Inspirée de Max et les Maximonstres, cette œuvre explore les zones grises où les repères deviennent flous, où les gentils ressemblent aux méchants et où le rêve se confond avec la réalité.

Réalité

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Réalité ...

Illusion

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Illusion ...

J’ai imaginé un objet hybride, à la croisée de la sculpture textile et du décor vivant. Le cœur du projet réside dans un contraste fort : celui entre la douceur végétale et la dureté de la corde choisie pour le tissage. Ce matériau brut, presque rugueux, évoque à la fois l’artisanat, le lien, mais aussi la contrainte. Il s’oppose visuellement et symboliquement à la plante, vivante, souple, imprévisible. Ce dialogue permanent entre matière et nature traverse toute l’installation.

La pièce principale a été tissée à la main, comme un rideau suspendu dans le temps, tendu sur une armature métallique pensée pour maintenir la structure sans dénaturer l’aspect brut du tissu. Ce tissage, à la fois rigide et mouvant, agit comme une frontière, un mur poreux entre deux mondes. Les pots accueillant la plante ont été intégrés directement au sein de la trame, de façon à créer une illusion de surface plane : de loin, l’objet semble presque dessiné, 2D, tandis que de près, il révèle toute sa tridimensionnalité et sa complexité.

L’un des défis majeurs a été de faire en sorte que la plante semble grimper naturellement à travers le tissage, comme mue par une force invisible. J’ai choisi une plante tombante que j’ai volontairement inversée, puis guidée visuellement à travers les mailles à l’aide de fils fins et discrets. Ce cheminement est renforcé par la présence de petites LED placées comme des points de fuite lumineux : elles suggèrent une orientation, une quête de lumière, donnant l’illusion que la plante cherche une issue, une direction.

Chaque détail de cette installation a été pensé, mis en scène, chorégraphié. Rien n’a été laissé au hasard. De la tension du tissu à l’orientation des feuilles, tout participe à créer une narration silencieuse et immersive. Une fois l’installation déplacée dans l’espace d’exposition, un nouveau travail d’adaptation a été nécessaire : j’ai ajusté l’éclairage, le positionnement et les ombres projetées afin de préserver l’ambiance poétique et onirique de l’œuvre, tout en la rendant lisible dans un nouveau contexte spatial.

Lost Moderna est un projet entièrement construit sur des contrastes assumés. Il questionne la frontière entre le vivant et le décor, entre ce qui pousse et ce qui est figé, entre ce qui est spontané et ce qui est dirigé. Il invite à s’interroger sur ce qui est vrai ou fabriqué, libre ou contraint. Et surtout, il cherche à faire naître une émotion : une sorte de nostalgie douce, celle de l’enfance, de l’étrange familier, des monstres qu’on apprivoise.

Les problèmes et solutions

L’un des principaux défis de ce projet a été de travailler avec un tissu tissé souple, difficile à maintenir en place sans qu’il ne se déforme.
Il fallait le stabiliser tout en conservant son aspect brut et organique. Pour y remédier, j’ai conçu une armature métallique légère mais suffisamment rigide pour tendre le tissage de façon propre et durable.

Un autre enjeu majeur consistait à guider la plante de manière à ce qu’elle semble grimper naturellement dans le tissage, sans paraître forcée ou artificielle. Cette illusion a été obtenue grâce à l’utilisation de fils fins et discrets intégrés à la structure, ainsi qu’à l’ajout subtil de mini-LED positionnées pour simuler un mouvement vers la lumière, renforçant ainsi la sensation de croissance vivante.

L’intégration du pot représentait également une difficulté : ils devait s’insérer dans l’installation sans casser l’harmonie visuelle. Pour cela, il a été tissé dans la structure, devenant ainsi partie intégrante de l’ensemble, sans rupture ni ajout superflu.

Enfin, une fois l’installation mise en place dans la galerie, il a fallu adapter le tout à l’espace d’exposition. L’éclairage a été ajusté avec soin pour révéler les volumes, projeter des ombres intéressantes et préserver l’ambiance immersive du projet.